Notre désir a toujours été de faire découvrir au public des textes méconnus et qui font écho au monde d’aujourd’hui. Dans L’Amphithéâtre sanglant, nous posons la question de la violence et de sa représentation. Avec L’Homme-Confiance, nous proposons au spectateur des interrogations qui l’interpellent dans son quotidien, mettant en cause le règne de l’argent dans les relations humaines et questionnant les utopies religieuses et humanitaires. Ces textes nous ont frappés par leur modernité et leur avant-gardisme, qui nous invitent à de nouvelles recherches formelles.
La compagnie a en effet à cœur d’explorer des formes inédites qui bousculent les codes traditionnels de représentation, tout en mettant le texte au centre du travail de l’acteur. Nous voulons ainsi offrir au spectateur un plaisir autre, non naturaliste, du théâtre, qui l’interpelle par son étrangeté, par sa différence avec le réel. C’est précisément ainsi que nous abordons nos mises en scène baroques, dans une démarche expérimentale, avec l’idée de faire entendre des textes comme ils ne l’ont jamais été, avec une diction, une gestuelle et une scénographie particulières (notamment l’utilisation de bougies). Les déclarations d’Artaud ont plus d’une fois guidé notre travail, car elles font précisément l’éloge du pouvoir quasi magique de la fiction sur le réel :
« Le théâtre ne pourra redevenir lui-même, c’est-à-dire constituer un moyen d’illusion vraie, qu’en fournissant au spectateur des précipités véridiques de rêves, où son goût du crime, ses obsessions érotiques, sa sauvagerie, ses chimères, son sens utopique de la vie et des choses, son cannibalisme même, se débondent, sur un plan non pas supposé et illusoire, mais intérieur.»